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Il n’y a pas d’âge pour entreprendre : le portrait de Michel
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par Blandine Cain
Michel est un cas d’école : il est à la fois le plus jeune et le plus vieil entrepreneur interrogé dans le cadre de mon ouvrage « Prêt à entreprendre ? Suivez le guide ! ».
En effet, c’est lui qui, le plus jeune, est devenu entrepreneur. Dans un contexte pour le moins particulier, puisqu’il était alors en Terminale et sur le point d’intégrer une école d’ingénieur. Le sort en a décidé autrement, son père mettant fin à ses jours quelques semaines avant qu’il passe le Bac. Michel n’hésite pas une seconde : il arrête les cours sans même passer son diplôme, pour seconder sa mère à la tête de l’entreprise familiale de décoration d’intérieure créée 20 ans plus tôt.
« J’avais en tête que dans la vie, on pouvait se débrouiller sans être bardé de diplômes et j’avais vraiment hâte de travailler. Ça se serait vraiment passé comme ça assez rapidement dans tous les cas. »
Malgré son jeune âge et son arrivée impromptue, Michel trouve rapidement sa place. Quelques années plus tard, le patron du restaurant dont il a fait sa cantine à deux pas de l’entreprise, dans l’ouest parisien, l’appelle en pleine nuit : il veut lui céder son affaire. Michel ne connaît rien à la restauration et il a déjà une entreprise à gérer. Qu’à cela ne tienne : il accepte, à condition que l’ancien propriétaire le seconde pendant 1 an. L’histoire se répète ensuite avec un second restaurant à Paris, puis un troisième à Lyon. Michel est désormais à la tête de 4 entreprises.
« Est-ce que j’avais une vie personnelle ? C’est beaucoup dire… Au bout d’un moment, tu as l’impression d’être dans un manège. »
Après quelques années de travail acharné, Michel ne parvient plus à suivre la cadence. Il décide de tout vendre… ce qui prendra 2 ans. Passant de responsabilités colossales à une liberté totale, Michel décide de prendre du bon temps.
« Je suis parti vivre à la Réunion. J’avais de l’argent, j’ai profité de la vie. J’avais une grande maison, je faisais de la pêche au gros et du tennis et je voyageais dans l’Océan Indien. »

Cette retraite dorée durera 3 ans et prendra fin lorsque Michel rencontrera une amie d’ami : créatrice de bijoux, elle regorge d’idées et de talent ; il a pour sa part la fibre commerciale et le côté pragmatique pour en faire un succès. Partenaires à la vie comme à la scène, le duo se retrouve finalement à la tête d’une équipe d’une vingtaine de personnes. La rupture du couple met fin à l’aventure et laisse Michel au pied du mur : tout est au nom de sa compagne, il n’a droit à rien. Il n’a plus qu’à tout recommencer.
Il en a vu d’autres : lors d’une escapade en Sicile en 2005, il goûte une huile d’olive qu’il juge exceptionnelle. Il propose à son producteur de lui trouver des débouchés en France. 20 ans plus tard, son entreprise d’épicerie fine compte un catalogue de 200 références et de 35 producteurs et travaille avec les plus grands restaurants et épiceries de l’hexagone.
« J’ai des contrats d’exclusivité avec mes fournisseurs. On se sert la main, la relation est basée sur la confiance. Personne ne signe rien avec moi. Si l’un ou l’autre n’est pas satisfait, la relation s’arrête et puis c’est tout. Vous savez comme moi que les contrats, ça se casse, ça ne sert à rien. »
Pourquoi Michel est-il également le plus vieil entrepreneur de ce panel ?
Car nous sommes 52 ans après son arrivée à la tête de l’entreprise familiale : à 70 ans révolus, Michel travaille toujours et n’a aucune envie de s’arrêter. Il vient d’ailleurs de racheter une marque de produits alimentaires de luxe.
« Ma principale source de motivation est le plaisir. Pour moi, c’est un jeu, c’est ludique, j’adore ce que je fais. Je n’ai pas l’impression de travailler, mais de jouer avec mes jouets. Je prends de plus en plus de plaisir, parce que je me suis libéré des trucs chiants et j’ai gardé ce qui me plaît.
Tout est lié entre ma vie professionnelle et ma vie privée : presque tous les gens que je fréquente sont des personnes que j’ai rencontrées dans le cadre de ma vie professionnelle.
Ma vie professionnelle n’a été faite que de rencontres. »
Très matinal, Michel travaille environ 13 heures par jour en semaine et 5 heures par jour le week-end, soit un total de 75 heures par semaine. Il prend 1 semaine de vacances minimum toutes les 6 semaines, mais reste connecté en continu.
« Quand tu te mets à ton compte, il faut bosser, je crois qu’on est tous d’accord là-dessus.
Je fais partie des gens qui prennent leur téléphone pour aller aux toilettes au cas où il y ait un appel urgent. Si mon téléphone ne marche pas, ma vie devient terrible.
Je ne délègue que ce qui ne me paraît pas stratégique, j’ai besoin de maîtriser le reste.
On gagne autant d’argent à gérer son entreprise qu’à travailler. »
À n’en pas douter, Michel combine des qualités propices à la réussite d’une aventure entrepreneuriale tout en mettant la barre très haut : le goût de l’effort, l’appétence pour le risque, la curiosité, un pilotage attentif, la propension à trouver du plaisir dans le travail, un excellent relationnel… Mais Michel a parfois joué avec le feu : après son surmenage à la tête d’un nombre étourdissant d’entreprises, sa compagne lui a sauvé la vie il y a une dizaine d’années alors qu’il faisait un infarctus sans même s’en rendre compte… Le parcours de Michel parlera à certains quand d’autres le jugeront en décalage complet avec leur mode de fonctionnement : je n’en fais pas un modèle absolu, plutôt un exemple de parcours atypique qu’il me plaît de vous partager tant je le trouve singulier et admirable.
L’exemple de Michel dit au moins une chose : il n’y a décidément pas d’âge pour entreprendre. Pas plus qu’il n’y a de moment idéal pour le faire. En tant que jeune diplômé, vous ne vous sentez pas légitime, tandis qu’en tant que jeune couple, vous avez besoin de bulletins de salaire pour obtenir votre prêt immobilier, puis en tant que futurs parents, vous vous dites que le congé maternité/paternité est tout de même plus confortable financièrement. Devenus jeunes parents, vous notez que la sécurité du salariat est rassurante sans parler de cette place en crèche, puis vous anticipez le coût des études de vos enfants qui nécessitera un revenu régulier, après quoi vous vous dites, à quoi bon se lancer alors que la retraite arrive à grands pas…
Vous suivez le raisonnement ?
Si l’entrepreneuriat vous titille depuis un moment, que vous piaffez de vous lancer, commencez par valider que c’est une bonne idée, en objectivant votre analyse.
Pour cela, je vous invite à lire les deux premiers chapitres de mon guide sur l’entrepreneuriat :
> 10 bonnes raisons de vous lancer
> 10 bonnes raisons de ne PAS vous lancer
Si la pertinence de votre projet se confirme, faites en sorte de bien le préparer et de cocher les pré-requis indispensables.
Vous pouvez vous appuyer sur la méthode pas à pas que je développe à travers les autres chapitres du guide :
> Ce que vous devez avoir en tête avant de vous lancer
> La formalisation de votre concept
> Bonnes pratiques stratégiques
> Trois outils vraiment utiles durant toute la vie de votre projet
> Les démarches à réaliser absolument avant la création de votre entreprise
> Quels financements pour quel projet ?
> Se faire connaître et trouver des clients
> Bonnes pratiques opérationnelles
> Comment surmonter les coups durs
Vous avez besoin d’être épaulé dans votre projet ?
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